Le Congrès statutaire et d’Orientation
de l'Union Culturelle Wallonne (U. C. W.), réuni à Liège
le 12 juin 2004,
MOTION RELATIVE AU CONSEIL DES LANGUES REGIONALES ENDOGENES
DE LA COMMUNAUTE FRANÇAISE DE BELGIQUE
s’appuyant
sur le décret de la Communauté française
Wallonie-Bruxelles du 14 décembre 1990 relatif à la protection
et la promotion des langues régionales endogènes ;
recommande
la poursuite de la politique d’aide à
l’édition entreprise par le Conseil des Langues régionales
endogènes de la Communauté française Wallonie-Bruxelles
;
réclame
une augmentation des budgets consacrés aux langues
régionales qui tienne compte au moins de l’inflation ;
requiert
un élargissement des activités dudit
Conseil en vue de l’instauration d’une politique globale
de mise en valeur des langues régionales et, en collaboration
avec toutes les instances concernées, l’élaboration
d’une politique culturelle wallonne, au sein de la Communauté
Wallonie-Bruxelles.
exige
la réactivation des démarches entreprises
par ledit Conseil pour l’intégration des cultures et des
langues régionales dans l’enseignement et dans les médias
qui relèvent de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
MOTION RELATIVE A LA SIGNATURE PUIS A LA RATIFICATION PAR LA
BELGIQUE DE LA CHARTE EUROPEENNE DES LANGUES REGIONALES OU MINORITAIRES
considérant
que le décret de la Communauté Wallonie-Bruxelles
du 14 décembre 1990 relatif à la protection et à
la promotion des langues régionales endogènes est en parfaite
concordance avec la Charte européenne des Langues régionales
ou minoritaires ;
rappelant
que l’Union Culturelle Wallonne et le Conseil
des Langues régionales endogènes de la Communauté
Wallonie-Bruxelles a fait connaître, à de multiples reprises,
sa volonté de voir cette Charte signée et ratifiée
par la Belgique, que ce Conseil a fait depuis quelque temps des propositions
concrètes en ce sens au Gouvernement fédéral et
que trente Etats membres du Conseil de l’Europe ont signé
cette Charte dont dix-sept d’entre eux l’ont ratifiée
à ce jour ; les conditions étant ainsi remplies ;
signalant
que le Conseil international de la Langue française
a voté une motion par laquelle il souhaite que tous les pays
francophones concernés signent puis ratifient cette Charte ;
exige
la signature puis la ratification par la Belgique de
la Charte européenne des Langues régionales ou minoritaires
;
réclame avec insistance
une intervention de la Communauté Wallonie-Bruxelles
et de la Région Wallonne en ce sens auprès des autorités
fédérales, afin de voir concrétiser ainsi sa dernière
déclaration gouvernementale sur ce sujet.
À cet effet, les différents Parlements
sont invités à voter une motion appelant le Gouvernement
Fédéral à examiner ce problème dans les
plus brefs délais.
MOTION CONCERNANT LES MEDIAS
constatant objectivement
le peu de place réservée aux langues
régionales de Wallonie dans le paysage audiovisuel de la Communauté
Wallonie-Bruxelles. En effet :
Alors que la diffusion et la promotion des langues
régionales endogènes sont inscrites dans son plan de gestion,
la Radio Télévision belge francophone, à l’issue
de son plan de restructuration en cours, a encore réduit —
et particulièrement en radio — ce qui constituait déjà
jusqu’aujourd’hui un navrant minimum minimorum.
Dans le secteur des radios locales, on connaît
une diversification d’émissions dans l’ensemble Wallonie.
Alors que les langues régionales bénéficient dans
la plupart des d’Europe de plages-horaires importantes, le wallon,
le picard, gaumais, le champenois, le francique limbourgeois et le francique
luxembourgeois, sont mal diffusés cependant que la vie culturelle
riche d’événements qui mériteraient d’être
captés et retransmis
le Congrès
estime
que la diffusion des langues régionales de Wallonie
dans les media est encore marginalisée.
En conséquence, le Congrès exige de la
R. T. B. F. et demande instamment aux stations privées et aux
télévisions locales :
de prendre enfin conscience de l’utilité de la diffusion
d’émissions en langues régionales de Wallonie et
d’en assurer une présence quotidienne sur les ondes ;
de considérer les langues régionales
de Wallonie, non seulement comme un outil de communication mais aussi
et surtout comme une matière culturelle à part entière
;
de prendre exemple sur l’important travail réalisé,
d’initiative, par les autres télévisions d’Europe
dans la diffusion et la promotion des langues régionales.
MOTION RELATIVE AUX RELATIONS INTERNATIONALES
souhaite
que les Wallons soient des Européens de «
quelque part ».
Dès lors, le Congrès :
décide
de poursuivre son action au sein de l'Association internationale
pour la Défense des Langues et des Cultures Menacées (A.I.D.L.C.M.),
du Comité International des Fédérations du Théâtre
Amateur (C.I.F.T.A.) et de l'Association Internationale du Théâtre
d'Amateur (A. I. T. A.), afin d'y affirmer l'existence de la Wallonie,
d'y présenter la culture et les créations de notre Région,
de contribuer à la construction de l'Europe des cultures et des
diversités, seule garante de la paix et de la démocratie;
souhaite
que le Commissariat général aux Relations internationales
de la Communauté Wallonie-Bruxelles (C. G. R. I.) amplifie son
aide pour la promotion de nos créateurs dans le monde ;
que, conformément aux directives européennes
en matière de langues et cultures régionales et minoritaires,
l’avenir de nos langues régionales soit mieux pris en compte
par les instances de l’Union européenne.
MOTION CONCERNANT LES POUVOIRS PUBLICS
Le Congrès réclame
des pouvoirs publics en général, pour
les domaines entrant dans leurs compétences et pour les territoires
placés sous leur juridiction, une action volontariste et ferme
en faveur de l’utilisation et de la mise en valeur des langues
régionales de Wallonie.
Le Congrès exige, en particulier,
par une action permanente déterminée
des pouvoirs publics de tous les niveaux :
que l’emploi des langues régionales, dans tous les domaines
de la vie des hommes, soit enfin reconnu comme valeur culturelle à
part entière ;
que le wallon, le picard, le gaumais, le champenois,
le francique limbourgeois et le francique luxembourgeois s’inscrivent
clairement comme parties intégrantes du patrimoine de la Wallonie
et puissent bénéficier du même respect, du même
souci de préservation et de promotion, de la même volonté
d’étude scientifique que les autres facettes de notre patrimoine,
tout en tenant compte de cette particularité évidente,
qu’il s’agit d’un patrimoine immatériel mais
vivant ;
que les décrets du Conseil de la Communauté
Wallonie-Bruxelles des 2 février 1983 et 14 décembre 1990
bénéficient enfin d’applications sans lesquelles
ils ne peuvent rester que des textes symboliques de la volonté
politique d’un moment ;
que le Conseil des Langues régionales endogènes
— à l’instar des autres Conseils supérieurs
consultatifs — soit confirmé dans son indispensable rôle
d’avis, et que ceux-ci soient suivis d’effets ;
que les autorités politiques, lorsqu’elles
utilisent les langues régionales de Wallonie, s’inscrivent
dans une recherche de qualité de la langue par consultation,
au besoin, d’associations ou de personnes-ressources.
Le Congrès
réclame, avec force, des pouvoirs
publics issus, à tous les niveaux, du choix démocratique
des citoyens et fonctionnant grâce aux deniers publics, un soutien
efficace à l'action permanente de l'Union Culturelle Wallonne
et de ses composantes pour la concrétisation du Projet Culturel
Global qui veut engager le peuple wallon dans la pratique de sa culture
particulière.
MOTION CONCERNANT L'ENSEIGNEMENT
prenant comme référence
les travaux de pédagogie et de psycholinguistique
qui font autorité et dont les conclusions confirment depuis longtemps
le bilinguisme langue véhiculaire / langue régionale comme
un élément essentiel prédisposant à l’apprentissage
d’autres langues, ainsi qu’au développement intellectuel
et social de l’enfant,
le Congrès
réclame
de tous les Pouvoirs et des Partenaires une attention
très particulière pour l’intégration de la
langue régionale endogène, outil de développement
intellectuel, linguistique et culturel, dans le processus éducatif
des enfants et des adolescents, ainsi que dans la formation des jeunes
adultes ;
s’adresse
particulièrement
aux Ministres ayant l’Enseignement dans leurs attributions, depuis
le degré fondamental, pour qu’ils adoptent adopter une
attitude générale conforme à la volonté
sociétale des Wallons d’intégrer leur langue régionale
dans leur développement culturel,
de manière générale
à toutes les formations politiques démocratiques et à
leurs élus pour qu’ils marquent clairement leur volonté
d’aller dans le sens des nombreuses initiatives des gouvernements
démocratiques européens quant à la reconnaissance
et la promotion des langues régionales, particulièrement
dans l’enseignement ;
demande
avec une extrême insistance que, conjointement
à l’introduction prônée d’un bilinguisme
obligatoire dans l’enseignement primaire, soient enfin mises en
application, par des mesures et des moyens adaptés, les dispositions
des Décrets du 2 février 1983, du 14 décembre 1990
ainsi que du récent Décret de juillet 1998 relatif aux
Arts de la Parole dans les Académies de Musique et dans l’Enseignement
Secondaire à Distance, en s’inspirant aussi des recommandations
déposées par la Commission d’intégration
des langues régionales et ratifiées par le Conseil des
langues régionales endogènes de la Communauté Wallonie-Bruxelles
;
se tient
à disposition pour un partenariat efficace en
vue d’assurer une maîtrise des langues régionales
dans la formation initiale et continuée des enseignants.
En conséquence, le Congrès :
mandate
les instances de l'Union Culturelle Wallonne pour poursuivre
des démarches opportunes et suivies auprès des Pouvoirs
Organisateurs et des Organisations reconnues des parents, des enseignants
et des étudiants, tous niveaux et tous types d'enseignement confondus
;
souhaite
une intervention rapide auprès des Institutions
de formation des futurs enseignants afin d'obtenir l’inscription
d’un réel apprentissage et de l’exploitation effective
des langues régionales endogènes dans leurs programmes
;
invite
les responsables des compagnies théâtrales
et des Centres régionaux qui assurent des cours de wallon à
collaborer en vue d'assurer, notamment aux jeunes comédiens,
une formation à la langue en vue d'une communication orale correcte
et rigoureuse dans la langue régionale (qui ne peut se contenter
d'être du français teinté des accents picards, gaumais,
champenois ou wallons) ;
demande
à tous les membres de l'Union Culturelle Wallonne
de se considérer comme les premiers acteurs de l'apprentissage
et de la transmission des langues régionales dans leur entourage
et leur famille ;
propose
aux mandataires politiques sensibles à la problématique
des langues endogènes de se regrouper dans une association dont
le but serait de défendre l’intégration des langues
régionales dans l’enseignement ;
insiste
pour que les membres de l'Union Culturelle Wallonne
prennent l'engagement de solliciter les pouvoirs de proximité
(communes, provinces,...) afin de développer dans leur entité
toutes initiatives favorables à l'apprentissage et à l'usage
des langues régionales, comme les y autorise le décret
de 1983.
MOTION RELATIVE AUX COMPETENCES DU PEUPLE WALLON ET DE SES INSTITUTIONS
constatant
que le premier manifeste pour la culture wallonne qui
réclamait la reconnaissance de la Wallonie comme personne morale
aura 20 ans le 15 septembre prochain ; que, au lieu de donner à
la Wallonie la place qui lui revient, la Communauté française
Wallonie-Bruxelles, comme c’était et c’est toujours
le cas au sein du Royaume de Belgique, sert trop souvent d’éteignoir,
exhorte
les Wallons à confier au peuple wallon et aux
institutions wallonnes des compétences en matière de culture,
d’enseignement, de recherche fondamentale et de médias
publics.